Le secteur de l’automobile se tourne de plus en plus vers la fabrication des véhicules électriques et des véhicules hybrides, ce qui crée un besoin croissant en cobalt et en lithium, deux minerais stratégiques pour la fabrication des batteries. Comment la RDC peut-elle saisir cette opportunité pour booster son développement, elle qui détient, en plus du cobalt, un gisement important du lithium dans le territoire de Manono au nord du Katanga ? La question est au centre des débats, notamment à Lubumbashi où deux artistes ont fabriqué un prototype de véhicule hybride dans le cadre de la biennale internationale du design de Saint-Étienne en Belgique.
Le prototype du véhicule hybride exposé à l’Institut français de Lubumbashi est une œuvre d’art à la fois réaliste et imaginaire. Il a été fabriqué à l’aide des matières plastiques et des fils de cuivre.
« Nous avons ici le volant pour montrer que c’est vraiment une voiture», nous explique Melissa Mujinga qui s’est essentiellement occupée du design. « Le moteur est là et nous avons une batterie électrique qui représente la nouvelle batterie hybride. Nous avons le réservoir et ici, devant, l’image du capot. »
La création de cette œuvre vise à susciter le débat sur l’un des minerais essentiels qui entre dans la fabrication des batteries électriques : le lithium. Un gisement de ce minerai considéré comme un des minerais du futur a été découvert récemment à Manono, au nord du Katanga. Jean Katambayi, concepteur du prototype du véhicule hybride a visité Manono il y a un an : « Les habitants de Manono marchent sur le lithium, raconte Jean Katambayi. En faisant notre enquête, nous avons compris qu’ils ne savent même pas ce que représente le lithium pour le monde entier aujourd’hui. J’ai eu la chance de voir les femmes qui sont dans l’exploitation artisanale de la cassitérite, bien plongées dans la boue et quand vous leur posez la question sur le lithium, personne ne sait ce que c’est.»
Pourtant, avec 6,6 millions des tonnes de réserves de lithium, la cité de Manono en RDC est en phase de devenir l’un des plus grands réservoirs du monde selon les experts. Les travaux d’exploration de ce minerai sont exécutés par la firme australienne AVZ Minerals. Son exploitation devrait permettre un développement de la localité ou de Manono selon Léonide Mupepele, expert en mines.
« Ce projet va permettre la réhabilitation et la reconstruction, de la centrale hydroélectrique de Mpyana Mwanga qui était à l’abandon et rendre ainsi 28 mégawatts disponibles, peut-être davantage… En dehors de l’énergie, la population peut bénéficier de la facilité d’accès à Manono qui est enclavée. Ça ouvrirait Manono au reste du monde », affirme Léonide Mupepele. Pour cet expert en mines, il faudra également créer localement des unités de sous-traitance pour éviter que l’entreprise ne soit totalement dépendante de l’extérieur.
Autre problème, les milliers de familles qui vivent actuellement de l’exploitation artisanale du coltan et de la cassitérite. Elles devront être réorientées vers d’autres activités, car elles n’auront plus accès au site minier. La prise en compte des besoins des populations est une donnée essentielle, mais souvent négligée des projets miniers menés en RDC.
RFI/Jesuisrdc