La mort du diplomate Luca Attanasio rappelle amèrement à la communauté internationale les conflits souvent oubliés qui ravagent depuis 25 ans l’Est de la République démocratique du Congo.

Le ministère italien des Affaires étrangères a confirmé peu après, en faisant part de sa «profonde tristesse». Le président italien Sergio Mattarella a dénoncé une «attaque lâche».
Un attaque qui a fait trois morts
En visite de terrain avec le Programme alimentaire mondial (PAM) au nord de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, l’ambassadeur et son convoi ont été pris pour cible par des hommes armés non-identifiés, selon le diplomate de haut rang.
Deux autres personnes ont également été tuées pendant l’attaque du convoi, a indiqué de son côté à l’AFP le major Guillaume Djike, porte-parole de l’armée dans la région du Nord-Kivu. Les deux autres victimes seraient le chauffeur congolais et le garde du corps de l’ambassadeur, d’après plusieurs sources.
Le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio, qui se trouvait à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues européens, a annoncé son retour anticipé à Rome.
Le président du Conseil européen Charles Michel s’est déclaré «choqué par l’attaque d’un convoi» et «les vies perdues». «L’UE restera aux côtés de la RDC et sa population» pour la «sécurité et la paix», a-t-il ajouté sur Twitter en présentant en italien ses condoléances à la famille. Luca Attanasio était ambassadeur en RDC depuis octobre 2019, après être arrivé dans le pays deux ans plus tôt en tant que chef de mission, selon sa biographie officielle. Il était entré dans la carrière diplomatique fin 2003.
Un quart de siècle de violences
L’attaque contre ce convoi du PAM a eu lieu dans le territoire de Nyiaragongo, au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu en proie à la violence de dizaines de groupes armés depuis plus de 25 ans.
A proximité des lieux du drame, se trouvent les fiefs de la rébellion hutu rwandaise FDLR et des milices hutu congolaises Nyatura. Des rebelles congolais du M-23 sont également localisés dans la zone d’après un expert du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).
Cette région abrite le parc national des Virunga, dont au moins 200 rangers ont aussi été victimes ces dernières années d’embuscades des groupes armés dans l’exercice de leurs fonctions. Le dernier incident en date remonte à début janvier, quand six rangers ont été tués dans le parc des Virunga.
Les groupes armés affirment défendre leur communauté mais se disputent souvent les ressources d’une région riche en minerais et en bois.
Luca Attanasio est le deuxième ambassadeur européen en fonction tué par balles en RDC, après le Francais Philipe Bernard, tué le 28 janvier 1993 lors d’émeutes qui avaient conduit à des pillages à Kinshasa, sous le règne de l’ex-président Mobutu Sese Seko.
letemps.ch/Jesuisrdc